Skyscraper

Ou un manque vertigineux d'originalité

Premier article sur ce blog que j'ai présenté comme étant littéraire et voilà que je vous parle d'un film ! Cependant, je l'ai dit : j'aime les histoires et qu'est-ce qu'un film si ce n'est une histoire ? Je vais donc rectifier la description de ce blog : je parlerais aussi de films, de séries, bref de ce que j'aime !
Skyscraper ne fait pas définitivement pas partie de ce que j'aime. J'ai été le voir hier après-midi en famille et j'ai passé 1h40 à fixer l'écran en m'ennuyant ferme. En voilà donc une critique acerbe que je ne vous recommande pas de lire si vous voulez aller le voir !

Je suis désolée de constater le nombre de films qui sort chaque année et qui n'a aucun intérêt au niveau du scénario, du montage, des effets spéciaux. Je me dis, quitte à faire un film, à dépenser une grosse somme d'argent, pourquoi ne pas faire quelque chose de bien ? Ma famille a passé un bon moment (pour moi c'est l'important) et bon, un film est avant tout un divertissement, si une personne l'apprécie, le pari est réussi. Néanmoins, je pense aux centaines de milliers de dollars dépensés pour ce film et je me demande, n'auriez-vous pas pu faire mieux qu'un énième blockbuster. Si dans dix ans, je demande à ma famille s'ils se rappellent de ce film, je ne suis pas certaine qu'ils seront capables de me dire oui. Honnêtement, dans dix ans, je ne me rappellerais pas que je devais leur poser la question.

Quelques informations jetées en vrac : réalisé par Rawson Marshall Thurber (jamais entendu parler, par curiosité j'ai été voir sa filmographie, je connaissais de lui un autre film de nom) avec Dwayne Johnson comme acteur principal (au cas où l'image n'est pas assez parlante). Sortie en France le 11 juillet 2018. Je vous résume rapidement l'histoire : Will Sawyer, américain au nom extrêmement marquant, est un vétéran de guerre, ancien agent du FBI, marié, père de deux enfants. Il est à la tête d'une société qui s'occupe de la sécurité des buildings et se retrouve à vivre dans le plus grand immeuble jamais fabriqué par l'homme : un monstre d'un kilomètre de haut. Des criminels vont lui tendre un piège pour récupérer les codes d'accès de sécurité et pirater l'immeuble. Devenu fugitif, il va tout faire pour sauver sa famille, piégée dans l'immeuble en flammes.



J'ai l'impression que mon résumé est un peu fouillis mais je vous dirais qu'il n'y a pas grand chose à résumer. C'est ce genre de film, une fois que vous avez vu la bande-annonce, vous avez vu le film. En trois minutes, le trailer titille votre intérêt, vous épate par une scène spectaculaire mais dîtes-vous qu'à la fin, le film ne sera qu'une heure trente-sept de redondances et n'apportera rien d'autre. 

Ce qui m'ennuie le plus avec ce film, c'est son irréalisme, son manque d'ambition (et donc d'intérêt). Voilà Skyscraper avec un beau design, quelques scènes intéressantes au début quand on découvre l'intérieur de l'immeuble. Au final, cet immeuble censé être l'intérêt du film devient un mur d'escalade géant pour l'acteur principal. Il y avait à mon avis beaucoup de choses à faire dans cet univers high-tech et presque rien n'a été fait. Le fait que l'immeuble soit vide si ce n'est pour dix résidents est à mon avis déjà une grossière erreur. Le fait que l'immeuble brûle pendant tout le film, que l'incident se propage et que les forces de l'ordre restent là à le regarder m'a aussi épaté. Personne n'a essayé d'éteindre l'incendie. La chute de débris, de possibles explosions n'a visiblement effrayé personne, surtout pas tous les civils qui sont restés deux heures, nuques en l'air à observer le drame sans se soucier du reste. 
Parlons ensuite dudit escaladeur interprété (si l'affiche n'est toujours pas assez claire) par Dwayne Johnson. Donc son personnage a subi une amputation et a une prothèse très moderne qui lui sauve la vie à de nombreuses reprises. Je ne m'y connais pas énormément en membres prosthétiques mais je suis quasiment sûre qu'aujourd'hui, la médecine est à la pointe du progrès. Si vous croisiez une personne amputée d'une jambe en pantalon, vous ne devineriez jamais qu'elle porte une prothèse. Je pense qu'aujourd'hui, on est une société assez évoluée pour que le bien-être des personnes qui ont subi un tel traumatisme aient une vie aussi confortable que possible. Voir l'acteur boiter dès le début du film pour bien insister sur le fait que son personnage n'avait pas deux jambes fonctionnelles n'était pas des plus crédibles. Et donc quand ce personnage "diminué" (je mets diminué entre guillemets parce que cette interprétation est plus ridicule qu'autre chose), qui n'a pas l'air de courir entre deux fusillades tous les jours, survit à toutes les situations improbables de l'histoire : IRREALISTE.

Le plus dommage, c'est qu'autrement Dwayne Johnson est plutôt convaincant dans le rôle du père désespéré prêt à tout pour sauver sa famille. J'ai trouvé intéressant que cet énième Blockbuster ne se déroule pas à New York ou Washington ou Chicago, les trois villes qui ont été les plus détruites dans les films d'action américains mais à Hong Kong. Ca fait moins égocentrique : les USA ne sont pas le centre du monde. Et ça pour le coup ça me parait réaliste : le pays le plus développé de nos jours, c'est la Chine. De même l'intrigue autour des criminels débarquait un peu comme un cheveu sur la soupe mais tenait la route. Il y avait du potentiel dans ce film.

Honnêtement, j'aime un bon blockbuster comme n'importe qui. J'aime les effets spéciaux, les scènes spectaculaires improbables mais à couper le souffle. Mais qui dit blockbuster ne dit pas forcément manque de logique, mettre de l'action pour de l'action. Prendre cinq minutes de plus pour se différencier du copain qui a fait un super blockbuster pour apporter un peu de soin à son scénario, un peu de crédibilité à ses personnages, ça donnerait un peu de pérennité au film. Tel qu'il est, dans deux ans, tout le monde l'aura oublié.

Ma note : 2/5

Note de la fin : Je ne sais pas si je ferais toujours une petite anecdote à la fin de mes critiques mais je m'arrête ici pour quelques lignes de plus sur une scène du film. Un des antagonistes rencontre les enfants du héros qui sont deux jumeaux, un garçon et une fille. Je ne m’appesantis pas trop sur le contexte, simplement l'antagoniste dit aux enfants quelque chose comme preux chevalier et belle princesse. Je ne me rappelle plus du dialogue exactement. La gamine lui répond d'une voix chargée de fierté : "Je ne suis pas une princesse, je suis un roi." On comprend tout de suite ce que le scénariste a voulu faire ici : casser l'image de la demoiselle en détresse, les femmes sont fortes, les petites filles peuvent être ce qu'elles veulent, etc. Mais pourquoi un ROI ? N'a-t-il jamais entendu parler de REINES ? Je citerais Elizabeth Ière, Mary Stuart, Catherine de Médicis, Catherine de Russie, Marie-Thérèse d'Autriche. Des femmes fortes qui ont marqué leurs temps sans l'influence des hommes. Vous voulez que nos petites filles grandissent sans que leur sexe soit une barrière ? Commencez par utiliser les noms féminins sans donner tout le pouvoir aux noms masculins. Merci bien.

Commentaires