La vraie vie d'Adeline Dieudonné

La vraie vie
Adeline Dieudonné
L'iconoclaste
270p., 17€.

Résumé éditeur : Chez eux, il y a quatre chambres. Celle du frère, la sienne, celle des parents. Et celle des cadavres. Le père est chasseur de gros gibier. Un prédateur en puissance. La mère est transparente, amibe craintive, soumise à ses humeurs. Avec son frère, Gilles, elle tente de déjouer ce quotidien saumâtre. Ils jouent dans les carcasses des voitures de la casse en attendant la petite musique qui annoncera l’arrivée du marchand de glaces. Mais un jour, un violent accident vient faire bégayer le présent. Et rien ne sera plus jamais comme avant.

Mon avis :  Premier coup de cœur de la rentrée littéraire pour moi, ce livre a été une bouffée d'air frais. Un roman lu en une traite, impossible à poser et grandement regretté une fois terminé. Des lectures qui vous séduisent par derrière, qui vous paraissent bien et qui finalement sont une révélation littéraire, il n'y en pas tous les jours. C'est un livre si bien mesuré et qui tient toutes les promesses de son titre (ça parle de la vraie vie et ça vous touche comme la vraie vie) que je pourrais le conseiller à n'importe qui les yeux fermés. Être déçu par ce livre me parait compliqué.

Pour ceux qui ont besoin d'être convaincus un peu mieux et qui cherchent quel qu’avis détaillé sur la question, voilà ce que je peux leur dire : douce ironie.

Tout commence dans une maison au milieu d'un quartier suburbain banal au milieu d'une ville banale dans un pays en soi banal. Pourtant, de la maison se dégage une atmosphère mystérieuse : il y a la chambre de la sœur, la chambre du frère et celles des cadavres d'animaux.

L'histoire est narrée par la sœur ainée qui est aux prémices de l'adolescence mais qui, dans le premier chapitre, baigne encore dans l'enfance heureuse. Le résumé éditeur en parle, aussi l'évoquerai-je, cette enfance joyeuse qu'un jour on perd pour ne jamais retrouver va disparaître brutalement de la vie de la narratrice et de son frère suite à un accident aussi inattendu que traumatisant. Cette enfance perdue la narratrice n'aura plus qu'un seul but : la retrouver.

Je n'en dirais pas plus sur l'histoire. S'il n'y avait que moi, je n'aurais même pas parlé d'accident. Je me serais arrêtée à maison mystérieuse, une chambre pour le frère, une chambre pour la sœur et une pour les cadavres. Dis comme ça, ça titille un peu la curiosité non ?

Je vous dirais, en revanche, que la voix de la narratrice va vous emporter dans un récit où vous la verrez tour à tour grandir, être effrayée, désabusée sans jamais perdre une seconde l'espoir d'arranger les choses. Cette jeune fille, vous allez l'aimer, vouloir la protéger et la voilà cette douce ironie, jamais elle n'aura de nom. A la fin, elle restera dans votre esprit et pas une seule fois, vous ne pourrez mettre un nom sur ce personnage qui vous a tenu la main tout au long d'une histoire rythmée et parfaitement menée.

Douce ironie aussi dans le style d'Adeline Dieudonné. Une écriture juste du début à la fin qui avance en équilibre entre la noirceur et l'espoir. J'ai été suspendue à ses mots, sans savoir de quel côté j'allais finalement basculé.

Oui douce ironie, voilà comment je résume ce roman que j'ai commencé par curiosité et que je ne pouvais plus lâcher à la fin, frénésie d'avoir le dernier chapitre, la dernière phrase, le dernier mot. Et puis le livre se referme et on voudrait juste une phrase de plus pour continuer cette aventure magique qui, pour moi, aura éclipsé toute réalité pendant plusieurs heures.

Récompensé déjà de trois prix, ce premier roman est aussi nominé pour le Renaudot et le Goncourt. Je conclurais simplement en disant : Bravo !

Note de la fin : La vraie vie a été le premier roman que j'ai lu de la rentrée littéraire et mon gros coup de coeur. J'en ai bien entendu lu d'autres qui m'ont beaucoup plu aussi. Six autres pour être exacte donc jusqu'à dimanche, j'essaierais de poster une chronique par jour sur cette très belle rentrée littéraire 2018.

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